La Bretagne en quête d’Amérique

Assis sur ma proue de granit, je regarde le large à la recherche d’un indice qui m’indiquerait la présence d’une terre.
Dans la brume salée projetée par un ressac, je vois apparaître en face de moi Ellis Island et les tours scintillantes de Manhattan.
A neuf heures, les cabanes en bois de la côte du Maryland et leurs joviaux vendeurs de homards bleus annoncent la proximité des dômes blancs de Washington.
A sept heures, les palmiers de la Floride m’empêchent de voir l’embouchure du Mississipi et les plaines humides de la Louisiane.
Au fond du golfe du Mexique apparaît la plaine désertique du Texas, et il me semble apercevoir un chacal efflanqué traverser ce paysage désolé.
Avec mon navire « Le Bretagne », j’atteindrai les côtes américaines, dans quatre mois peut-être, si la mer est clémente.