La rue de Normandie se joue à pile ou face

De part et d’autre de la rue de Normandie, deux pièces urbaines composées de tours et de barres seventies se répondent. Copier-coller strictement identiques en plan, les logements superposés dessinent de larges places plantées d’arbres et de voitures, en s’accrochant chacun à sa manière au relief arrondi qui les accueille.
Côté pile, Jeanne de retour de la place Napoléon III, sort de sa voiture les bras chargés de courses. Elle emprunte le sentier piétiné qui longe une longue façade monochrome, puis se dirige vers son timide hall d’entrée. Elle monte les marches qui joignent le socle du bâtiment au relief d’un parc arboré.
Côté face, Jean sort de chez lui en béquille et regagne à pied la Place du Duc d’Aumale, à trois longueurs d’immeubles de là. A l’ombre des fleurs de béton, il se fraie un chemin entre les rangées de voitures et les morceaux de verdure à distance des rez-de-chaussée muets. L’entrée se situe de l’autre côté.
Côté pile, Léo passe sous un immeuble-pont en sortant du collège Kerhallet, tague « Teuchiland » à l’effaceur, contourne un espace où pousse de l’herbe grillagée et sonne au n°12 de la rue de Vendée, où il est attendu au 4e étage par son copain de classe.
Côté face, Léa fait tournoyer un ruban aussi rouge que ses cheveux orange, seuls repères dans le grand espace vert blanc. Ses parents ont choisi de venir s’installer en contrebas de l’Institut médico-éducatif Jean Perrin, dans une des maisons Castor qui descendent vers la Penfeld.