Le menhir universitaire

Je me dresse en totem à fleur de falaise, dominant la Penfeld de ma froideur granitique qui suggère une de ces strates disparues. Je fus autrefois la porte d’une enceinte, et mes pierres ont tremblé au rythme de la marche militaire. Ils m’ont posé sur ce plateau du Bouguen en proie aux vents au milieu des champs et vergers. J’ai vu les brestois en pantalon serré s’emparer de la plaine et danser le twist entre les baraques, puis la quitter à contrecœur pour rejoindre les grands ensembles de Bellevue. Puis les étudiants sont arrivés, les bâtiments du campus ont poussé autour de moi et je semble aujourd’hui faire partie de cette collection d’objets architecturaux.
Je suis comme un menhir à Manhattan, et mes pierres ne tremblent plus.