Une pratique sportive inédite et détournée

Au fil des années le sport s’est transformé en s’adaptant à la société. Il offre aujourd’hui de multiples possibilités à l’usager sous des formes variées. Cette diversité questionne et démocratise leurs pratiques mais interrogent aussi la conception des lieux qui leurs sont dévoués, car comme le souligne l’architecte Thierry Mandoul «la frontière entre sport, activité physique et jeu tend à disparaître». Effectivement, ces pratiques inédites et alternatives qui émergent, incitent à repenser la conception des lieux sportifs non plus comme des lieux spécialisés et fermés mais comme un espace hybride pouvant supporter plusieurs pratiques et où le sport ne serait que l’une des composantes car «ce qui nous intéresse au-delà du sport ce sont les «arts de faire» dont parlait Michel de Certeau, cette appropriation par tous de l’environnement urbain à travers l’exploration de ses propres limites corporelles».
C’est dans ce sens que le projet s’inscrit et que les trois séquences dédiées aux sports qui bordent le cheminement, ont été pensées et hybridées. Ils allient à la fois activités physiques et ludiques, activités collectives et individuelles. Ils répondent aux pratiques «institutionnalisées», (ils peuvent être mobilisés par des associations sportives et des groupes scolaires) mais vise également les besoins des pratiques autonomes comme les joggeurs de Kervallon. L’usager peut ainsi profiter d’un ensemble d’équipements dédié aux sports et aux loisirs, de location de matériel liée à ces activités, de casiers individuels groupés, d’équipements sanitaires et d’espaces ludiques facilitant la pratique sur un temps court et favorisant la rencontre des divers pratiquants.
Parallèlement à ces programmes, les trois séquences proposent aussi un regard atypique sur le sport en devenant des lieux supports de pratiques inédites et ludiques. Des espaces où la pratique du sport est à inventer en détournant et en réinterprétant les règles, les matériaux, les icônes et les valeurs… L’artiste danois Asger John créé un nouveau jeu, le foot à trois, suite à une réflexion sur le modèle dialectique traditionnel du sport. Il l’oppose à la triolectique qu’il considère plus stratégique et collaboratif. C’est précisément par le décalage qu’un terrain de sports dédié à tous prend forme. Ces usages récréatifs, entre sport et jeux, sont producteurs de lieux de rencontres privilégiées entre différents usagers, habitants des quartiers environnants, promeneurs…
Ces terrains ludiques et sportifs prennent forme et dialogue avec le cheminement, au sein des trois séquences. Ils interagissent, s’influencent et se nourrissent mutuellement sollicitant le promeneur à s’y immiscer.