1 terrain, 3 quartiers, plein de différences d’ambiance

Nous nous inspirons par la méthode d’étude urbaine de Jean-Yves Petiteau: suivre une personne dans l’espace urbain et à le laisser nous guider pendant qu’il nous raconte son territoire. Étant toujours à Buenos Aires on interprète sa méthode: nous redigeons une balade imaginaire à la base de photographies GoogleMaps comme si un habitant fictionnel du quartier nous guidait et nous racontait les lieux de son quotidien…

 

« J’habite ici, dans cette porteña. Il faut prendre la grande porte à gauche qui monte à l’étage. Il y a toujours des travaux dans ma rue. Depuis la crise, la ville est dans un état de chantier permanent…

J‘adore me promener et observer toutes les couleurs différentes de ce quartier. Ça me rappelle les boîtes de couleurs de mon enfance.

Ah tu vois les trucs jaunes? Comme un monument en l‘honneur du train! Aujourd‘hui il n‘y en a plus mais à l‘époque il passait par ici. Ils ont laissé les rails, ça devait coûter trop cher de les enlever.

Devine où mènent ces escaliers! On dirait un temple grec avec toutes ces colonnes ! En fait, c’est l’entrée de l‘hôpital Argerich!

Ahh Catalinas Sur… je me souviens de la construction de ce quartier, dans les années 60’. Tu as vu ces buis? Ils ont l’air d’être tous maniaques du jardinage ici !

J’ai la gorge sèche. Je passe juste m’acheter une bouteille d‘El Cantaro. Il y a un Carrefour juste là bas… Lorsque tout à l‘heure je te parlais de crise et de chantiers permanents…

… Tu as vu les façades? Ca donne envie d‘y installer un truc, hein? J‘y verrais bien mon atelier dans l’une de ces grandes cases. Et je l‘appellerais “la boîte de couleurs”.

Bon, maintenant que j‘ai ma bouteille d‘eau on peut aller vers Puerto Madero… Ahh regarde les chiens! Eux aussi, ils apprécient le calme du quartier! Ils ne semblent même pas l‘entendre, ce bruit!

C’est l’autoroute Ricardo Balbin ! Mon cousin habite juste à côté, dans cette tour-là. Il me dit qu’il n‘entend plus les voitures. J‘en doute un peu…

J‘avoue, on se sent comme en prison ici. On dirait que c‘est interdit de voir le fleuve! Tu vois le bâtiment au fond? Une fois là bas on sera au bord de l‘eau !

Ils sont partout, ces rails! Un peu pénible quand on doit traverser en vélo… Il vaut mieux prendre la piste cyclable à côté!

Dans ce tout petit parc on aurait presque envie de s‘allonger dans l‘herbe et s‘imaginer glisser sur l‘autoroute comme sur un gigantesque toboggan!

Tu sais, dans les années 60, il n’y avait plus une société en activité ici. Et puis jusqu’en 1990 c’était encore abandonné! Maintenant on dirait une copie ratée d’Amsterdam…

… et derrière: de Dubaï ! Je les ai vu pousser comme des champignons ces gratte-ciels. Je peux te dire qu’aujourd’hui la moitié des logements ne sont pas habités. Ça sent le blanchiment d’argent à plein nez tout ça…

On a à peine traversé les digues et on est déjà dans un autre monde…

Bah voilà, ici ils construisent le “SLS Lux Puerto Madero”: encore un hôtel de luxe avec toutes ses étoiles.

C‘est énorme! Je me suis toujours demandé ce qu’il y a là haut. Peut-être une piscine? Un terrain de tennis?

Elles sont quand même très dominantes ces tours! Surtout avec ce vaste espace de foot qui libère la vue! Je vais te montrer autre chose…

…quand on longe le Parque Micaela Bastidas on est loin de s’imaginer que derrière ces buildings de luxe…

…il y a en fait la villa Rodrigo Bueno. Tu t‘imagines, entre 2000 et 4000 personnes vivent ici! Les premiers habitants se sont installés dans les années 2000. Et la villa continue encore de s‘étendre…

C‘est différent au Parque Micaela Bastidas: la Reserva Ecológica Costanera Sur. Je peux rester des heures ici à regarder les oiseaux, à prendre des photos… C‘est peut-être d‘ici que l‘on a la meilleure vue sur la capitale.