Finis terre, finis mer, un instant géographique


La Baule, le marais de Bruyère. Deux extrémités avant le vaste, l’étendu, l’horizontal et l’imaginaire. Avant la découverte des sites, à l’échelle du territoire, une carte, quelques observations. Des remarques en catimini. La Baule est une baie et les ports de Brière des incursions furtives dans le marais. Finisterre, Finismer, un jeu de mots rapide comme un pied de nez qui reste présent à l’esprit.

Si l’on s’en tient à sa forme étymologique un Finisterre est l’extrémité d’une terre avant l’océan. La Bretagne est un Finisterre de la France, la France le Finisterre de l’Europe. Sur le  transect « de rives à rives », La Baule et son remblai de forme incurvée laisse pénétrer la mer dans les terres. C’est l’extrémité la plus avancée de l’océan. Une courbe, douce et longue sans activités portuaires. Depuis cette baie, on se promène à l’anglaise comme à Nice. Guanabara au Brésil est l’apogée de ce fonctionnement et les cariocas vont jusqu’à se tourner comme des tournesols vers le soleil puis bouder la mer lorsque celui-ci est au-dessus des gratte-ciel.

La chaussée neuve serait donc la prolongation de ce Finismer. Les différents ports du marais en lien avec l’axe maritime sont tous des Finismer en Brière, des intrusions par excroissance dans le territoire. Ce lieu est l’aboutissement de la route scandée, la préfiguration de tous les marais du monde. Une transition entre cette

coupe paysagère, segmentée et séquencée après Saint André des eaux et l’immersion qui va suivre dans le marais.

Derrière vous, cette route parcourue, cette impasse de plusieurs kilomètres et puis brutalement plus rien. Une entité paysagère aux nuances de la saison, peu ou pas d’éléments remarquables dans le paysage. Si l’on ne connaît pas le site, comment l’aborder… avant de recueillir l’imaginaire qu’il suscite ? On est encore en plan mais l’horizontale interpelle. Jusqu’où devant… Jusqu’où sur les côtés… ? Quelle proportion du paysage vu… ? Y’a-t-il d’autres sites comme celui-là… ? C’est le dernier lieu de reconstitution mentale entre la carte et le paysage.

Un instant géographique. L’émiettement longitudinal du paysage transite vers l’imaginaire des marais, l’instant où on rebascule en plan. On visualise une dernière fois ce que pourrait être cette intrusion dans un autre milieu, Un appendice dans une frange, une frange qui interroge des avancées portuaires, lieu de rencontre avec les canaux qui viennent de l’intérieur du marais.

Le finis mer, c’est imaginer qu’il y a peut-être encore d’autres ports du même type dans le marais, d’autres avancées qui ressemblent au lieu dans lequel on se trouve.Quelles sont les questions qu’on se pose à ce moment-là ? Qu’est-ce qu’on recompose dans sa tête quelle est encore cette distorsion entre la carte et le paysage. Sentiment d’émerveillement, de dépit, de ne pas pouvoir tout embrasser du regard, de ne pas savoir, etc…

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