Le port de la chaussée neuve, un no man’s land


«Le problème du marais, c’est que quand tu veux aller quelque part, il faut faire le tour»

Etranger au département sur lequel nous nous sommes déployés durant quatre mois, l’unique idée que nous pouvions nous en faire avant l’approche physique était celle évoquée par la toponymie. Saint André des eaux, Le Haut marland, Le port de la chaussée neuve. La toponymie a l’avantage de projeter une connaissance abstraite et poussée du territoire dans le sens où elle permet à chacun d’entre nous sans l’y forcer de mettre en route tout un mécanisme d’associations libres. Abstraite dans la figuration et complète par l’imaginaire.

Notre première approche a été de chercher ce port sur la carte, de nous y rendre par les routes qui s’inscrivaient dans l’axe de La Baule puis par celles qui, de moins en moins nombreuses nous menaient vers ledit port. Ce dernier est comme une incursion retournée dans le territoire. Il nous a semblé que la route devenait goulet d’étranglement le long de laquelle disparaissaient lentement les marqueurs urbains et humains, un anthropocène progressif. Après plusieurs kilomètres de voie empruntée sans pouvoir se faire une idée précise du paysage traversé, le port de la chaussée neuve, une butée dans le paysage, un seuil sans identité et sans épaisseur, un noman’s land.

Ce cheminement géographique et la disparition de ces marqueurs ont été déterminants dans la suite de notre travail puisqu’ils permettaient d’établir une chronologie, une narration dans la façon d’aborder ce site. En effet le port est un no man’s land mais il ouvre sur plus de 8000 ha d’un terrain vierge à nos yeux, une horizontale qui en outre d’être la caractéristique principale du site et des questionnements qu’il suscite a générée des catégories paysagères et l’implantation de nos futurs projets architecturaux. Cela restait intuitif mais il y avait un effet de profondeur et de tiroir qui permettait intuitivement de déterminer ce qui se passerait au-dessus de l’horizontale, en dessous et en coulisses.

Au fur et à mesure ces intuitions ont trouvé un appui local sur quelques notions déroulées comme des concepts. Ils sont venus nourrir les projets distincts et leur complémentarité puis se sont greffés sur la scénarisation de l’arrivée sur site, cette chronologie narrative.

Il semble aujourd’hui qu’il est possible d’établir un point de bascule et de retourner le processus. Les notions-concepts développées pour étayer la démarche du travail de groupe ont acquis suffisamment d’indépendance et les projets une autonomie propre. Cela permet de considérer les concepts indépendamment et d’expliquer le projet en commençant chaque fois par une nouvelle histoire.

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