Le roseau oublié


Le marais est finalement essentiellement constitué de roselières : 80% du marais indivis. La roselière de Brière est la deuxième plus grande de France après celle de Camargue. L’exploitation de la roselière se fait entre novembre et mars. Le roseau est un fort atout. Depuis la Préhistoire, l’homme l’utilise dans la confection de son habitat : toiture, brisevent, revêtement de sol ou encore dans la fabrication de bateaux. Au-delà de son exploitation, son pouvoir épurateur est aujourd’hui valorisé dans le traitement et la filtration des eaux. La Brière regroupe 60% des chaumières françaises, soit environ 3000 couvertures en chaume. Par la proximité, on pourrait croire que l’exploitation du roseau est élevée en Brière. Pourtant, 90% des roseaux utilisés sont issus au mieux de l’importation depuis la Camargue, depuis l’Europe de l’Est dans le cas contraire. En effet, seulement 50ha/an sont exploités, sur 5000 ha disponibles. Ces chiffres s’expliquent par la difficulté de la coupe dans le marais. Les zones humides dans lesquelles le roseau se développe en Brière ne permettent pas encore la mécanisation de la coupe, laissant ainsi la coupe manuelle perdurer. Couplé au désintéressement des riverains, la coupe subsiste difficilement. S’il y a 10 ans, les coupeurs de roseau étaient approximativement 25 à œuvrer sur le territoire, ils sont désormais moins de 5, et n’en vivent pas.

L’expérimentation de la coupe de roseau est donc un enjeu prévalent pour le développement de la filière. De plus, dans un contexte de développement des matériaux biosourcés, le roseau peut se faire une place sur ce marché à l’image du chanvre dans d’autres régions. Ce matériau traditionnellement présent en Brière est aujourd’hui vu comme ancien, avec une image à renouveler et des innovations à mettre en place.

Pour développer ces nouveaux matériaux, il est nécessaire d’exploiter un gisement de bonne qualité. Un temps d’attente est donc indispensable pour restituer certaines roselières. En effet, comme nous l’a expliqué Anthony Mahé, le promeneur en chaland, lors de l’itinéraire, il faudrait couper sans exploiter, durant 3 ans à la sortie de l’hiver, les roselières afin que celles-ci se régénèrent et offrent de meilleures caractéristiques. Aujourd’hui, les roselières exploitées offrent un roseau de meilleure qualité que celui de Camargue. Les Briérons peuvent donc miser sur la qualité de leur ressource et ainsi faire face à la concurrence, en acceptant un temps de valorisation.

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