Un voisinage diffus


«Ça fait plusieurs dizaines d’années qu’on va tous travailler à Saint-Nazaire ou sur la côte»

 

Pendant plusieurs siècles et par des processus étroitement liés, relevant autant des traditions établis que des ressources naturelles, le marais était l’épicentre local de la richesse et du développement. Il contenait en lui-même les ressources promptes à son développement et donc à sa sauvegarde.  Il rayonnait à diverses encablures du territoire et permettait aux habitants d’être pleinement acteur du lieu.  Cette configuration établie, les briérons habitaient en frange du marais pour des raisons empiriques. Ils s’étaient logiquement implantés en lisière de ce territoire qui leur fournissait nourriture,  ressources vivrières,  travail et plus largement encore identité. A la saison où l’eau atteignait son plus haut niveau, le visage des jardins changeaient et les paysages d’eau venaient lécher les chaumières.

Le XIXᵉ et les nombreux bouleversements industriels, économiques ou environnementaux qui l’ont accompagné ont engendré d’importantes mutations. La frange habitée qui se disséminaient par lots ou par villages sur le pourtour de ce territoire a commencé à se désintéresser de la bouche qui l’avait nourri. Les habitants ont tourné le dos au marais. Cette vaste étendue est devenue le négatif d’un quotidien qui se vivait sur la côte, à Saint Nazaire ou dans les villes avoisinantes. Les traditions qui remplissaient le quotidien sont devenues des anecdotes festives, de petits évènements qui ponctuent l’année et rappellent l’identité passée. Le grand récit briéron qui liait le quotidien et son usage avait disparu. Cette situation a laissé dans son sillage un maillage habité souple et lâche que l’on a nommé voisinage diffus.

Ce voisinage diffus est un prétexte à re lier par l’intérieur. Les voies sont déjà en place, ce sont les canaux. Il s’agit d’en proposer une relecture et de leur redonner une cohérence. Les grands axes relient les ports principaux du marais et le maillage secondaire les abords plus discrets. Première étape d’une transformation par l’intérieur la mise en place d’un réseau de chaland partagé permet de remettre en lien les habitants et leur territoire et de les rendre à nouveau acteurs.

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