Au cœur de la ville L’habitante du quartier République

1. « J’habite à Saint-Nazaire depuis une vingtaine d’années. Je travaillais auparavant à Paris et j’avais envie de vivre près de l’océan. Actuellement je travaille dans l’événementiel au conservatoire de la ville. Je suis restée ici parce que je me sens bien, l’impression d’être parfois en vacances. C’est très agréable de vivre ici, je peux faire mes courses, me déplacer uniquement à pieds ou en vélo. Je me sens très bien ici. Si j’avais besoin d’autres choses je changerai de ville. St Nazaire est attachante par son histoire qui a connu des difficultés. »

2. « Ma maison date de 1920 environ, elle est assez ancienne. C’est aussi la seule qui a une cave. Durant la guerre de 1939-1945, lors des bombardements les habitants devaient se cacher. Toute la rue venait se cacher dans ma cave. Notre rue n’a pas trop souffert des bombardements, c’est d’ailleurs pour cela qu’il existe encore beaucoup de maisons anciennes, avec des pièces au RDC. Plus haut ce sont des maisons « à la nantaise » avec un garage ou une buanderie en RDC. »

3. « La rue Gaston Nassiet n’a pas la même forme que les autres rues de Saint-Nazaire, elle est toute biscornue car c’est un ancien chemin de brouette. c’était des tous petits chemins qui allaient à travers les maisons. L’avenue de la République est beaucoup plus haute car elle a été surélevée pour éviter les inondations par rapport aux bassins d’eaux à l’arrière de la ville. Mes voisins, m’ont raconté qu’une année l’eau est montée à hauteur du toit des voitures. Ma voisine qui a toujours vécu ici a été obligée de se déplacer en bateau dans les années 1960 lors d’une forte inondation. Voici la problématique de cette rue. »

4. « Sur l’avenue de la République ce sont uniquement des immeubles datant des années 1950. Certains sont dégradés. Ils sont construits sur le même modèle, des appartements traversant, la lumière traverse les appartements. L’ombre s’arrête au ras de l’immeuble voisin et ne se reporte pas sur les fenêtres. La lumière est particulièrement mise en valeur sur cette avenue, avec des trouées entre les bâtiments pour que les gens aient de la lumière derrière. Il y a plein d’endroits comme cela dans la rue. A l’époque après guerre les habitants ayant perdu leur habitation suite aux bombardements ont eu des appartement octroyé de la part de l’Etat. »

5. « Saint-Nazaire au départ est une ville industrielle, les gens sortent tôt le matin pour travailler et se couchent également tôt. C’est dans l’ADN de la ville et il est vrai que la vie nocturne est peu développée. Il y a un léger frémissement à la place du Commando mais voilà c’est une culture. Avec la recrudescence des travailleurs venus de l’étranger et des pays de l’Est sur les chantiers de l’Atlantique, c’est devenu une cité dortoire. Il y a peu de familles, moins qu’auparavant, dans les écoles des classes sont fermées car les familles sont parties à l’extérieur de la ville. »

6. « Le problème de ces immeubles est le manque d’isolation phonique, d’un étage à l’autre les bruits se répercutent. J’ai habité au numéro 80 de l’avenue et il y avait une fête au 1er étage, j’habitais au 3ème. J’entendais les personnes parler comme s’ils étaient en dessous alors qu’il y avait un appartement entre nous. Le plafond est simplement constitué d’une couche de plâtre. »

7. « La magasin “St naz’rire” à l’angle du boulevard de la Renaissance (97 avenue de la République) a fréquemment sa cave inondée, tout comme les voisins. Car nous sommes plus bas que la rue. »

8. « Personnellement j’utilise davantage le vélo et j’apprécie la place qui lui a été attribuée. Le matin c’est sécurisant d’avoir cette piste cyclable. Le fait d’avoir réduit la taille de la voie pour les voitures réduit les nuisances sonores. Les voitures roulent plus doucement et font moins de bruits. L’avenue est donc plus calme, ce qui est un progrès pour les habitants. Pour les commerçants cette situation est sûrement plus difficile car cela donne donne une impression de vide, avec peu de passages. »

9. « Il fonctionne trois fois par semaine. Le quartier du marché a été en partie reconstruit après la guerre. Le toit des halles a un belle esthétique, car les habitants des immeubles ont vue sur celui-ci. La particularité de cette halle ce sont les verrières, tout le toit est en verrière. Elle a aussi été pensée en terme pratique. Un niveau inférieur de 1300 mètres carré existe pour que tous les marchands puissent se garer. Dans les années 1980 il y a eu un incendie, cela a endommagé la dalle et le plafond. L’accès a été interdit car il n’existe qu’une seule sortie de secours. L’espace a donc été fermé et aujourd’hui complètement inutilisé. »

10. « Ce bâtiment a été conçu par rapport à la lumière et au soleil. Il ne fallait pas que le soleil endommage les denrées, des avancées protègent du soleil. Cela permet également aux marchands de se positionner à l’extérieur et de créer de l’animation. Dans les 1950 il y avait du monde tout autour, aujourd’hui beaucoup moins.  »

11. « Voilà le plafond, la bordure de néons date de l’époque, l’architecte a souhaité souligner la structure du bâtiment. Si l’on avance donc là il y a des images des anciennes halles qui ont été déplacées sur le quartier de Méan-Penhoët. Le marché ne se déroule que le matin. A chaque néon il y a une vitre, l’idée est que le soleil ne se reflète pas sur les marchandises, en fonction de notre sens de passage l’architecture est différente. Il y a un projet de réhabilitation des halles, le but est de préserver au maximum la structure existante. Ces halles datent d’après guerre, elles existaient depuis 1937 mais elles ont été détruites pendant la guerre. »

12. « Chaque cour est séparée par un bâtiment, sans aucun passage, sans construction de garages systématique. Si vous regardez il y a seulement trois garages pour l’immeuble. Et les appartements sont très grands avec au moins 3 pieces. La typologie des immeubles de l’époque était surtout des T3 ou T4 avec très peu de garages par rapport au nombre de logements. »

13. « Il est vrai qu’il y a une bétonisation assez importante. En parallèle il y a une volonté de la municipalité de ne pas élargir la ville sur les terrains agricoles à l’extérieur. En conséquence la ville doit se développer sur l’existant, densifier l’habitat à l’intérieur de la ville. Donc dès qu’il y a un petit bout de terrain qui se libère ils font un immeuble par exemple en face chez moi ils auraient pu concevoir un espace vert. Parfois la multiplication des immeubles donne l’impression d’étouffer, et la verdure pourrait atténuer cela. Heureusement que les voies de circulation sont larges, cela permet d’aérer cet ensemble. Il est aussi logique que la ville veuille se développer et accueillir le flot de nouveaux arrivants. »

14. « Je reste là l’été et je profite de la belle saison. Je pars plutôt l’hiver. La qualité de vie fait que je me sens très bien ici. Les habitants sont très attachés à leur ville, ils ont aidé à sa reconstruction. Ils sont partis et revenus et sont également attachants. Je me suis souvent posé la question : Est-ce que je pourrai habiter ailleurs ? Et clairement je ne pense pas, je vais rester là tout au long de ma vie, je n’arrive pas à partir. »