La zone commerciale de Trignac, portrait

Juste au sud de l’échangeur de Certé, coincé entre le lotissement de Certé à l’est et les voies rapides de la Route Bleue à l’est, on trouve la zone commerciale de Trignac. Composée de boîtes à chaussures et de parkings, c’est aussi le paysage d’entrée de ville de St-Nazaire, l’étape peu valorisante d’une trajectoire rectiligne entre la Brière et l’océan, le long de la nouvelle avenue de la mer.

La zone commerciale de Trignac, étape majeure de la séquence Brière/mer de Saint Nazaire

La zone de Trignac a commencé à se développer dans les années 80, suivant les principes de l’urbanisme de l’époque : dimensionnement de la ville pour la voiture ainsi que sectorisation des activités et donc des espaces qui leurs sont dédiés. Les distances entre les espaces résidentiels, commerciaux, de travail et les infrastructures s’en trouvent modifiées car non plus adaptées aux piétons mais à la voiture.

Il en résulte une ville moderne, pratique, mais aussi morcelée.

La « façade » nord eu Auchan et les résurgences du marais de la Brière

Ici à Trignac, la zone commerciale est implantée sur la dernière frange du marais de la Brière avant St Nazaire, à proximité de l’échangeur. Elle est ceinturée de toutes part : une façade aveugle au nord tournée vers l’échangeur, des parkings au sud, les voies rapides qui la coupent du paysage brièron à l’ouest et le long de la nouvelle avenue de la mer, qui sépare la zone commerciale des lotissements de Certé, une haute haie de thuyas ponctuée d’enseignes dessine une frontière nette.

Les enseignes, la haie de thuyas, le grillage et les toits du lotissements qui émergent

A l’intérieur de la zone, on retrouve des ilôts, tous constituées de la même façon : au centre, une ou plusieurs magasin/boîte à chaussure, entièrement aveugle à l’exception de la façade d’entrée, rendue attirante par de larges baies colorées ouvertes sur le parking. Dans les zones commerciales, la façade du magasin est un support publicitaire : des affiches promotionnelles sont accrochées sur tous les côtés et ses couleurs vives rappellent l’enseigne.

Autour de ces bâtiments, des parkings s’étendent jusqu’à la limite avec la chaussée qui est marquée par un grillage, une petite épaisseur végétale ou un muret. Au-delà, un mince trottoir permet plus qu’il ne facilite une circulation piétonne puis il y a la voirie, à deux ou quatre voies.

A l’ouest de la zone commerciale, un mur anti-bruits sépare la zone commerciale, les voies rapides et le marais

L’organisation de la zone commerciale est donc simple, chaque partie semble suivre le même schéma et l’équation est d’autant plus simplifiée que dans sa conception initiale, la zone commerciale ne prend pas en compte son contexte : il n’y a pas de continuité ni de mise en valeur du paysage de la Brière, il n’y a pas d’autres liens avec Certé ou même St Nazaire que ceux formés par les voies routières, les bâtiments n’ont pas une grande qualité architecturale, et l’urbanisme de la zone n’est pas non plus qualitatif.

L’ensemble fonctionne bien comme un ilot commercial autonome où l’environnement tant paysager qu’urbain est oublié, mais cet ensemble appartient aussi à un périmètre plus vaste qui englobe l’échangeur, les lotissements et les friches, en somme des « types classiques » de la ville périphérique.

Coupe ouest/est, transversale à la RN471

Or, cette faible qualité urbaine n’a pas que des impacts visuels ou esthétiques sur le paysage, l’urbanisme péri-urbain affecte aussi le quotidien de ses habitants et les exemples pour l’illustrer ne manque pas.

La passerelle piétonne qui enjambe la RN471 et relie Certé à la zone commerciale

Ainsi, pour se rendre à la boulangerie ou au tabac installé dans la zone commerciale, à une centaine de mètres de chez eux, les habitants de Certé utilisent leur voiture faute d’accès piéton sécurisé en dehors d’une seule passerelle sur les cinq cents mètres de long où s’étend la zone le long de la route nationale.

Passer par la haie : l’accès informel du bus aux commerces

Les consommateurs qui se rendent en bus à la zone commerciale utilisent un trou dans la haie de thuyas entre le parking et la N471 pour accéder plus facilement aux commerces depuis les arrêts de bus.

La question de l’accès se pose aussi aux habitants des communes au-delà de l’échangeur. En effet, les voies piétonnes et vélos qui passent sous l’échangeur sont peu engageantes face à la facilité avec laquelle on peut accéder à la zone commerciale en voiture.

Le samedi, les voitures défilent sur les parkings mais le dimanche ces mêmes parkings sont déserts, tous comme les 30ha de la zone commerciale.

Ces exemples brossent un portrait assez sinistre de cette zone commerciale et de la zone péri-urbaine dans laquelle elle s’inscrit. Or ces problématiques ne sont pas exclusives à la zone de Trignac, au contraire. Aujourd’hui, l’avenir de ces zones nous interrogent : densité, nouvelle mobilités et développement durable sont-ils compatibles avec des espaces péri-urbains comme la zone commerciale et Certé ?

Malgré leur banalité et insignifiance apparente, il semble pertinent de s’y intéresser pour amorcer une réflexion sur les évolutions possibles des espaces péri-urbains et en particulier dans ce projet, des zones commerciales.