Un passé sacré

Le Dolmen des Trois pierres

La pratique religieuse régulière n’est plus aussi répandue en Occident. Progressivement, la civilisation occidentale s’est laïcisée, cependant nous continuons de bâtir au nom de la foi, et la spiritualité n’a pour autant pas totalement disparu de nos préoccupations, elle a plutôt changé de définition. Saroglou Vassilis, professeur de l’Institut de recherche Religions, spiritualités, cultures, sociétés à l’université catholique de Louvain, a tenté de définir la notion de «spiritualité» par comparaison avec la notion de «religiosité».
Il privilégie le champ de la psychologie pour s’exprimer et s’appuie sur différentes enquêtes réalisées à travers le monde, depuis les années 1980 à aujourd’hui. Les enquêtes exploitées portent sur la manière dont les enquêtés se représentent cette spiritualité et sur les caractéristiques psychologiques des personnes investies dans une forme de spiritualité. Les résultats sont finalement rapprochés des caractéristiques, similaires ou divergentes, liées à la religiosité. L’auteur émet ainsi l’hypothèse que Spiritualité et Religion partagent des valeurs communes (altruisme, principe de transcendance et non-valorisation des valeurs hédoniques) mais diffèrent par leur rapport à la communauté et au conservatisme, la Spiritualité valorisant la quête existentielle personnelle par le biais de l’expérience plutôt que les dogmes, et n’excluant pas de son champ de bienveillance les « non-initiés » (principe de l’Universalisme).
La Religion propose une cosmogonie, c’est-à-dire une vision de l’organisation de l’univers et de la place de l’humanité au sein de celui-ci. Cette vision pré-existe au sentiment religieux, et même à la naissance du croyant. Elle est transmise par un “maître” à ses disciples et est commune à l’ensemble des membres de la communauté. La Spiritualité ne précède pas l’individu, elle se développe et se construit au cours de l’existence de l’individu : c’est l’expérience acquise, et donc le chemin de vie, qui donne du sens à l’existence.
Ainsi au-delà des préoccupations religieuses, l’intérêt pour une forme de spiritualité athée et humaniste connaît aujourd’hui un certain essor. Elle est souvent associée à l’idée de la retraite spirituelle et introspective, en somme à l’idée de rupture avec le quotidien et la civilisation « ordinaires », et peut également prendre la forme de voyages initiatiques. Plus encore, elle devient davantage une philosophie de vie axée sur les valeurs humanistes, plutôt qu’une pratique ritualisée, réservée à un temps fini et donné dans le quotidien. En méditation, l’exercice du balayage corporel consiste par exemple à apprendre à apprécier l’instant, à être plus attentif à ses ressentis et sensations. Un pavillon de méditation sera ainsi conçu comme un parcours avec des séquences différentes, permettant la contemplation du paysage, proposant des cadrages sur le ciel ou plongeant le visiteur dans le noir.