Textes de références lié à l’abécédaire : Bernard Zerfhuss et Olivier-Clément Cacoub

Portrait de Bernard Zerfhuss

B – Bernard Zerfhuss

Bernard Zehrfuss ou l’architecte qui écoute le paysageInvisible. Tel est l’adjectif, redondant dans les témoignages*, qualifiant l’architecture de Zehrfuss à Lyon pour le musée gallo-romain qu’il réalisa de 1969 à 1975. Œuvre majeure de l’homme, ce projet est une synthèse de son expérience, de ses croyances. Formé à l’école nationale supérieure des beaux-arts, il obtient le Grand Prix de Rome en 1939. La seconde guerre mondiale l’empêchera de se rendre en résidence à la Villa Médicis. Des rencontres font de lui un directeur du service d’architecture de la direction des travaux publics du protectorat de Tunis de 1943 à 1948. Il dessinera notamment le cimetière militaire français de Gammarth, représentation d’une attention évidente de ce que lui dicte le paysage. En retournant en France, il opère comme un des acteurs importants de la reconstruction d’après-guerre. Il se prêtera à l’exercice de l’habitat social contraint par la nécessité de construire vite. Il tient tout de même à ne pas reproduire à l’identique et à toujours considérer le site dans lequel il conçoit. On lui en tiendra rigueur pour le projet du Haut-du-Lièvre où la dégradation du béton est bien visible. Il ne niera pas les dires des détracteurs mais expliquera les contraintes pressantes de l’époque et mettra en avant les qualités d’orientations de ces logements.Que reste-t-il de l’expression d’un homme d’art contraint par les réalités historiques ? Zehrfuss est-il seulement l’architecte de la “Reconstruction” rapide, consciencieuse mais de dégradable ? Je serais plus d’avis de mettre en avant la qualité que l’on prête volontiers à ses réalisations : une architecture où s’exprime le lyrisme du béton, poésie due à la maîtrise technique, d’ingénierie moderne que maîtrise Zehrfuss. Ainsi, on vante les mérites d’une cathédrale de béton souterraine à Lyon, prouesse technique de l’époque. Mais pas seulement. Ce que l’on peut retenir, c’est l’intuition par l’écoute d’un site, de sa topographie, de son cadre historique. La forme architecturale est pertinente et parle, ne s’exprime que par son contexte. La logique d’un lieu transcende les contours du corps de béton que l’on fabrique pour faire ensuite symbiose. Ainsi, on peut lire l’invisibilité différemment. On la remarque comme une qualité différente du mimétisme, différente de la transparence concrète physique. C’est plutôt un parti respectueux d’un cadre qui se doit d’être sublimé. Le paysage peut faire façade tout autant que le bâti laisse place à celui-ci par sa radicalité.

Portrait de Olivier-Clément Cacoub

C – Olivier-Clément Cacoub

Cacoub Olivier-Clément, sculpteur de l’architecture Olivier-Clément Cacoub. Cet architecte Français d’origine juive tunisienne, née en 1920 à Tunis a écrit une partie de l’histoire architecturale de Tunis. Suite à l’indépendance de la Tunisie après le protectorat Français, Habib Bourguiba tout fraîchement arrivé au pouvoir de l’État, prit Olivier-Clément Cacoub sous son aile pour lui donner le titre d’architecte-conseil de la République Tunisienne. À l’époque ce jeune architecte n’a qu’une trentaine d’années. Son caractère bien trempé le pousse à attaquer certains de ses confrères en justice pour leurs œuvres qu’il considère comme « des catastrophes urbaines ». Ce sont sans doute des remarques bien fondées. Malgré ses déboires d’architecte public politisé, son talent reste indéniable. Il fut le maître d’œuvre tunisien le plus productif et sans doute le plus influent des années qui suivirent l’indépendance de la Tunisie. Son œuvre tunisienne succéda à Zehrfuss ancien architecte de la Reconstruction sous le Protectorat Français. Selon Cacoub, chaque grande époque de l’histoire a son architecture, sa figuration du pouvoir, il est surement en toute humilité le représentant de cette époque post-protectorat. Il travaille cette représentation tout en ne reproduisant jamais l’architecture traditionnelle mais en lui rendant hommage à travers une interprétation moderne aux références vernaculaires. C’est ainsi qu’on lui doit de nombreux édifices publics en Tunisie, notamment la cité Olympique d’El Menzah et de nombreux hôtels, à Tunis. L’empreinte de cet architecte semble gravée à jamais dans l’histoire et dans le sol de la Tunisie où il produisit des bâtiments emblèmes symboles de la modernité de L’État Nation en construction. Il rentra en France et mourut à Paris en 2008, étouffé par sa modestie ? « Toutes les courbes de mes lignes sont en harmonie ; on peut les survoler, les toucher, les regarder. On peut contourner tous les bâtiments, il n’y a pas de profil. C’est une sculpture géante. » Olivier-Clément Cacoub