La Piscine Du Belvédère : un récit comme constat

Ce n’est ni la Place Pasteur, ni le quartier de Mutuelleville lui faisant pourtant face que le vieil homme contemple, mais les souvenirs de ces lieux : il regarde le siècle précédent. Il n’a pas à lever les yeux pour voir ce qui est le cœur battant des 30 années vécues ici, alors qu’il était employé d’une des ambassades située un peu plus au Nord. Ce cœur est la piscine du parc du Belvédère, dont la colline fait toujours office d’arrière plan à toute notre scène. Il y passa tout ses samedis et plus encore, dans cet écrin marbré datant du protectorat français. Le bassin d’eau claire était alors fréquenté par le tout Tunis et les occidentaux, revenus petit à petit en tant qu’expatriés après l’indépendance. Les classes populaires étaient aussi présentes, mais disparaissaient dès que l’on remontait vers les rues calmes des villas situées au Nord de la place.

Le souvenir a jauni. La piscine, relique d’un passé français, abandonnée depuis 16 ans, est maintenant le cœur à l’arrêt d’un quartier dont les villas se décrépissent. Jardin luxuriants mais villas dissimulées derrière de hauts portails, piscines privées mais rues discrètes, tout ce qui faisait le charme de Mutuelleville est en effet en train d’être rongé par l’urbanisation plus haute et dense du reste de Tunis. Le vieil homme préfère fermer les yeux devant cette atmosphère de fin d’une époque pour imaginer ce cœur battre à nouveau, toujours plus fort, une piscine et un parc du Belvédère insufflant à nouveau leur énergie aux rues alentours.

// Atelier écriture : Cœur à l’arrêt et articulation symptomatique de Mutuelleville //