La frange d’expérimentation agro-écologique de la D14 s’inspire des idées dépuis les projets déjà existants pour proposer une nouvelle forme d’agriculture sur le territoire du Vexin.
Ainsi, des haies basses sont plantées sur les limites parcellaires actuelles. En effet, l’objectif n’est pas de recréer un bocage très serré comme on peut voire en Normandie (Il n’a jamais existé sur le plateau du Vexin) mais de former un bocage d’échelle industrielle, qui souligne les tracés existants des chemins, des routes, des reliefs.
Ces haies ont des intérêts écologiques considérables : Elles servent de brise vent (protègent les cultures, permettent un meilleur rendement agricole), d’habitat aux insectes dits «auxiliaires» qui s’attaquent aux ennemis des cultures (plus besoin de pesticides) ; elles engendrent une diminution du ruissellement (moins d’érosion et plus d’infiltration de l’eau dans la terre, c’est à dire moins de besoin d’irrigation artificielle), et elle sont une réserve de bois (pour le chauffage voire à terme pour la construction).
La plantation de ces haies va modifier la perception du paysage ouvert du plateau agricole actuel. Mais ce changement de «forme agricole», a une épaisseur historique ancrée dans le territoire. Traversé par la chaussée Jules César et éminemment fertile, on peut supposer que le plateau du Vexin était déjà cultivé à l’antiquité.
L’idée est donc de s’inspirer des centuriations romaines, système agricole de découpage des terres propre à une colonie romaine, répartis en centuries.
Le projet agro-écologique développe ainsi une certaine complémentarité entre ville et agriculture. Cette référence historique évoque en effet un système agricole «urbain» qui vient en contrepoint des politiques actuelles d’ «agriculture urbaine» qui consiste plutôt à rapatrier des parcelles cultivables en milieu urbain. Ici c’est le contraire, il s’agit d’amener une certaine urbanité dans la campagne, de ne pas la considérer comme un écrin sacré mais comme une ressource en perpétuel mouvement, que l’homme a façonné et dont le paysage s’est trouvé modifié. Le paysage rural est l’expression d’une construction culturelle.
L’expérimentation de cette nouvelle forme d’agriculture se limite à une frange du plateau allant de la Chaussée Jules César à la rupture de pente au sud de la D14. Cet aménagement linéaire, qui traverse et découpe arbitrairement plusieurs exploitations est assumé. En effet, c’est bien ce système qui permet à cette utopie agricole d’être réalisable car il permet d’impliquer tous les agriculteurs vers une transition de leurs pratiques sans pour autant forcer des changements brutaux sur toute leur exploitation.
«Une des forces de l’agriculture du parc réside dans le fait que les agriculteurs sont dynamiques et que des liens de partenariat se sont noués entre les différents acteurs (parc, professions agricoles, structures régionales). La présence d’agriculteurs moteurs pour développer des pratiques innovantes et des ateliers diversifiés a été constaté ces dernières années» CEVO 95, L’agriculture en Val d’Oise, 2011, p 74
«Comme le disait Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Une agriculture ne peut être pérenne que si elle restitue aux sols ce qu’elle leur a pris. » BOURGUIGNON Claude, BOURGUIGNON Lydia, Le sol, la terre et les champs pour retrouver une agriculture saine. Sang de la Terre, Paris, 2009, p135
Une techniques de la ré-alimentation du sol est l’utilisation de bois raméal fragmenté (BRF, mélange de divers bois broyés) et de compost pour apporter les bactéries nécessaires à la fabrication biologique de l’azote et de la potasse dans les sols. C’est le travail développé par les Bourguignon, couple de pédologues (spécialistes de la biologie des sols), qui prônent un certains nombres de techniques pour redonner vie au sol, le rendre naturellement fertile et vivant.
L’idée est donc de programmer une Fabrique de compost et de BRF capable produire cet engrais naturel et de régénérer les terres de la frange agricole expérimentale de la D14.
Pour ce faire, le projet porte une attention particulière aux arbres, considérés à la fois comme des éléments patrimoniaux participant à la qualité paysagère (cf ci-contre des alignements centenaires) mais aussi comme une ressource de bois ayant plusieurs utilisations possibles : BRF, chauffage, construction. Ainsi, on impulse le développement d’une filière de sylviculture en installant une pépinière dont les arbres pourront venir densifier les boisements existants, reboiser les coteaux et permettre la plantations des haies.
Une réflexion sur “Le bocage industriel”
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