L’utopie comme laboratoire technique, social et sensible de la réconciliation entre la ville et le fleuve

VUE seine

La Maison de l’eau s’organise donc comme un complexe hybride dialoguant étroitement avec le fleuve. L’architecture proposée met en scène l’eau comme ressource essentielle et comme potentiel de développement alternatif pour toute la vallée de Seine. A travers l’hybridation des usages, la rencontre des acteurs (spécialistes ou simple promeneurs), l’innovation technique écologique et la richesse paysagère, le projet propose une réponse à la question de la préservation de la ressource en eau. Dans une dimension urbaine plus large, la situation géographique particulière de l’Ile Labo, comme territoire au croisement entre la ville, le fleuve et la campagne, questionne également les interactions entre eau et agriculture, entre Seine et Vexin. L’utopie réelle développée ici propose donc de questionner l’opposition ville-campagne à travers la reconquête de la « fluvialité » du territoire. Dès lors, Meulan-les-Mureaux, du fait de sa situation particulière « d’entre-deux », devient le territoire pilote de cette réconciliation entre la ville et le fleuve. Le projet, construit comme un processus évolutif dans le temps, permet donc, à court terme, d’initier des projets locaux expérimentaux à Meulan-les-Mureaux, avant de penser, à long terme, la renaturation de toute la vallée de Seine comme utopie réelle permettant la dépollution du fleuve.

A travers cette hypothèse, la notion d’utopie n’est donc pas considérée comme une course en avant linéaire vers un futur idéalisé, mais comme un processus fait d’aller-retours, de débats, d’expérimentations et de remises en cause, qui enrichissent et critiquent l’idée développée. Le projet présenté ici n’est donc pas à considérer comme l’unique réponse permettant de penser la préservation de la ressource en eau, mais plutôt comme une hypothèse possible, un dispositif expérimental évolutif. Aussi, pour reprendre les paroles d’Alain Chars lors des Utopiades 2014 ; l’utopie reste un laboratoire qui se détache de la réalité pour la critiquer. Le projet de L’île Labo, comme son nom l’indique, est donc bien à percevoir comme un laboratoire à la fois technique, social et sensible de la réconciliation entre la ville et le fleuve. Son développement part d’une étude du réel, de constats de la situation actuelle, tout en étant nourrit de création et d’imaginaire afin de penser une utopie-réelle : la préservation de la ressource en eau.