Cartographier le Grand Tunis

Un paysage urbain morcellé

Vers une métropole mosaïque

Mailles, tissus et textures urbaines

par Charles Avenel

groupe 1
Légende

L’analyse des formes urbaines contemporaines sont révélatrices de plusieurs strates d’informations. Le tracé d’un maillage au fil des décennies peut se lire par la composition des différents «tesselles» entre eux et par la spécificité de ce qui les compose. Ici, une impression se forme à la lecture de la répartition des couleurs de la mosaïque : une diversité ancienne et centrale entre la Sebhka et le lac de Tunis avec la médina en son centre. En allant vers le nord de la ville, là où elle continue son extension, on remarque une forte dominante résidentielle et fonctionnelle non hybridée. Cela montre l’impact d’un modèle de développement occidental répendu dans les pays en voie de développement. Par contraste, on perçoit une binarité : une anarchie centrale et un développement périphérique plus organisé. Il est question de revenir à plus petite échelle pour comprendre si ces nouveaux modèles d’expansions urbains sont conformes aux modes d’habiter, de vies des tunisiens.

Les formes d’habiter sont également une entrée projectuelle fabriquant un contexte spatio-socio-temporel que l’on se doit de sans cesse mettre en mouvement.


Le patrimoine Tunisois au grand jour

Patrimoine ordinaire – Patrimoine extraordinaire

Objets emblématiques et ambiances au quotidien

par Heritiana Tolojanahary Rabeson

groupe 4

Le Grand Tunis est un territoire qui regorge de richesses patrimoniales. Nous avons pu les classer en deux catégories, le patrimoine dit ordinaire et le patrimoine dit extraordinaire.


Le Grand Tunis et l’eau

Les bassins versants

Leurs affluents et le traitement des eaux

par Anissa Le Scornet

groupe 6
Légende

Tunis se situe à la croisée de 3 bassins versants au bord de la Méditerranée : le Sebkha Arianna, le Sebkha Séjoumi et la Lagune de Tunis. L’eau aujourd’hui invisible irrigue toute la ville. Bien que non valorisée elle fait partie intégrante du paysage tunisois. Des fontaines constituent des ilôts de fraicheur dans le centre ville de Tunis. Des canaux de drainage, obstrués de déchets domestiques et industriels, traversent les quartiers informels de Denden et d’Ettadhamen mais aussi le quartier plus chic du Bardo. Enfin des eaux polluées sont rejetées dans la zone humide protégée de la Sebkha Séjoumi et les pluies torrentielles inondent le quartier de Sidi Hassine.


Métropole & végétation

Renaturation active

Parcs métropolitains et continuité végétale

par Céline Courmailleux

groupe 2
Légende

La variété des sites naturels : baie, lac, Sebkhas, collines boisées ou cultivées en sec, plaines irriguées – donne un cadre exceptionnel et offre à la ville de Tunis une grande diversité de niches écologiques, d’espèces et de ressources naturelles. Tout autour de l’agglomération, c’est une importante activité agricole qui domine. Elle est particulièrement productive principalement grâce à l’irrigation des différents bassins versants. Mais la qualité de ces environnements est insuffisamment reconnue et le cadre de Tunis n’est pas valorisé. Les paysages les plus beaux sont souvent menacés par la pollution urbaine (l’eau de la Sebkhas, tourisme de masse, pollution industrielle…etc). Il subsiste tout de même une qualité importante à l’échelle de la ville de Tunis de ces milieux naturels : leur continuité. En effet, les Sebkhas, les plaines agricoles et le lac de Tunis sont encore en relation mais il ne suffira de quelques années pour que ce lien vienne à disparaître.

C’est dans cette démarche d’unification que le patrimoine naturel doit prendre une place plus significative dans la ville. Du Nord au Sud, la continuité des parcs et des autres formes de verdure vient créer une unité végétale. Du Parc Olympique situé à la porte Nord du 10 décembre, vers la porte Sud de Sidi Hassine, cette continuité revégétalise le centre de la ville. Le boulevard métropolitain arboré fera le lien avec l’ensemble de ces nouveaux aménagements. Les faubourgs de la Medina se relie au CHU de Tunis, lui-même relié au parc de l’échangeur. Ce nouveau boulevard permettra aussi de mettre en valeur la continuité entre les berges au Nord vers les plaines agricoles au Sud de la Sebkha. Les habitants profiteront ainsi de plus d’espaces de fraîcheur, dans les boulevards, dans les futurs parcs et jardins aménagés mais aussi aux bords des lacs.


Une ville et des mots

Au nom des passages

Une vision toponyme des portes, des seuils et des lisières

par Thibaut Jacques-Sermet

groupe 3
Légende

Le territoire tunisien est divisé en 24 gouvernorats depuis le 21 juin 1956, au lendemain de l’indépendance du pays. Les gouvernorats, ou Wilaya en arabe, sont équivalents aux départements en France. Ils sont dirigés par des gouverneurs que l’on peut comparer aux préfets en France, nommés par le Président de la République sur conseil du ministre de l’intérieur. Cette division du territoire est relativement récente, avant l’indépendance, le pays était divisé en 70 Caïdats, sous la responsabilité d’un Caïd (réduit à 36 durant la période du protectorat français). Le Cheikh assurait ensuite le lien entre la population et le pouvoir local.

Le Grand Tunis est composé de quatre gouvernorats, «Ariana», «Ben Arous», «Manouba» et «Tunis», le plus peuplé du pays avec plus d’un million d’habitants. Le Grand Tunis fait partie de la région Nord-Ouest du pays, égale- ment composée des gouvernorats de Bizerte, de Nabeul et de Zaghouan. Les trois gouvernorats qui entourent Tunis représentent les banlieues de Tunis et sont aujourd’hui les terres d’accueil de l’étalement urbain de Tunis.

L’histoire du développement de Tunis est singulière. En effet sa structure urbaine est restée similaire durant près d’un millénaire avant d’éclater et de se transformer radicale- ment au 19è siècle, sous l’influence des peuples européens. Aujourd’hui les différentes strates d’urbanisation successives sont particulièrement visibles et structure encore la capitale Tunisienne. Cela est notamment perceptible lorsque l’on se penche sur la toponymie des différents lieux et quartiers. Ces quartiers semblent fonctionner de manière indépendante et apparaîssent comme des îlots séparés les uns des autres.

Il apparaît alors décisif de réfléchir à ces espaces intersticielles, que l’on nommera «les lisières», situés entre ou à la croisée les quartiers formés et bien délimités. Ce sont des espaces de négociations entre deux milieux qui ne se connaissent pas. Ces espaces peuvent être des lignes formée par exemple par les tracées routiers. La lisière appelle la notion de paysage, d’identité paysagère et de continuité ou rupture paysagère. la lisière met en jeu deux notions oppo- sées ; faire frontière ou créer le lien. Les seuils assurentla même fonction, se glissant entre deux milieux. Cependant il s’agit ici de surfaces comme la Sebkha Sejoumi ou le parc du Bélvédère. Ce sont des espaces qui structurent à l’échelle de la métropole.