Voir au-delà des apparences pour faire projet

Au premier regard, cette zone polluée, coincée entre un échangeur routier et des friches, protégée par une réglementation Natura 2000, est peu avenante, ce qui est problématique étant donné la situation d’entrée de ville du site.

Toutefois, cette zone présente un fort potentiel paysager, qui a pu se développer en partie parce qu’il s’agit d’une zone délaissée.
Gilles Clément, avec son manifeste du Tiers-Paysage, apporte un regard nouveau et empathique sur ces espaces d’a priori.

Le Tiers-Paysage –fragment indécidé du Jardin Planétaire- désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées, etc … A l’ensemble des délaissés viennent s’ajouter les territoires en réserve. Réserves de fait : lieux inaccessibles , sommets de montagne, lieux incultes, déserts ; réserves institutionnelles : parcs nationaux, parcs régionaux, « réserves naturelles ». 
Comparé à l’ensemble des territoires soumis à la maîtrise et à l’exploitation de l’homme, le Tiers-Paysage constitue l’espace privilégié d’accueil de la diversité biologique. Les villes, les exploitations agricoles et forestières, les sites voués à l’industrie, au tourisme, à l’activité humaine, l’espace de maîtrise et de décision sélectionne la diversité et parfois l’exclut totalement. Le nombre d’espèces recensées dans un champ, une culture ou une forêt gérée est faible en comparaison du nombre recensé dans un délaissé qui leur est attenant.
Considéré sous cet angle le Tiers-paysage apparaît comme le réservoir génétique de la planète, l’espace du futur …

http://www.gillesclement.com/cat-tierspaysage-tit-le-Tiers-Paysage

Horizon sublime

Patrimoine insoupçonné

Une grande biodiversité

Ici à Trignac, agir sur ces espaces reste complexe. En effet, il s’agit d’une zone Natura 2000, ce qui sous-entend donc d’importantes contraintes législatives d’après le Code de l’Environnement. Il est important de noter que la qualité en matière de biodiversité de ce site est liée à sa submersion durant les mois d’hiver. Ainsi son occupation par les gens du voyage durant l’été est compatible avec son classement en zone Natura 2000.

Ainsi, ce site est à la fois meurtri par les grandes infrastructures routières mais en même temps riche par son paysage et sa biodiversité. Or actuellement, ce paysage n’est pas mis en valeur ni rendu accessible, ce qui est d’autant plus important vu sa situation en entrée de ville. L’enjeu est donc triple :

  • Paysager
    Rendre visible ce paysage qui fait l’identité de Saint-Nazaire, entre le marais et l’estuaire, avec à l’horizon, les émergences des chantiers navals.
  • Mobilités :
    Il faut rendre accessible ce site, développer son attrait touristique (en lien avec le projet Eau et Paysage), et le connecter au réseau de mobilités douces développer dans le transect.
  • Accueillir
    A cela s’ajoute la nécessité d’équiper cette zone pour l’accueil des gens du voyage, tout en insérant cette aire d’accueil dans le paysage.