La ville fantôme

Journal de bord :

Je suis arrivé par le port.
Mon voyage a la découverte des territoires ligériens m’a poussé le long de ce rivage. Quand j’ai accosté le soir, les marins m’ont parlé d’une ville étrange qui se trouve un peu plus haut, du nom de «Saint-Nazaire». On raconte que les rues sont désertes, que les gens ont fui, un mal qui plane sur tout l’endroit. Les habitants du port évitent de s’y rendre désormais.

Mais quel est ce mal ?


Je décide de m’y aventurer tôt le lendemain matin, après avoir dormi à l’auberge.
Je découvre un petit chemin qui y mène. Au bout de quelques minutes, je pénètre dans une grande rue rectiligne : l’avenue de la république. Personne. Il fait encore nuit et un épais brouillard s’est installé. Je n’entends que le bruit de mes pas et le vent qui siffle entre les bâtiments.
A l’angle de la rue, une vitrine est brisée. Plus loin, une autre affiche un panneau «À vendre». Plus je marche, plus je trouve des enseignes vides, des commerces fermés et des halls d’entrée abandonnés.

Je passe plusieurs heures dans ces rues grises, sans savoir où aller. Soudain, j’aperçois une silhouette au loin. Un homme marche rapidement, la tête baissée. Je me dirige vers lui, mais il tourne à un angle et disparaît. Au bout d’un moment, une autre silhouette se dessine au loin. je me dépêche, je presse le pas pour le rencontrer. Lorsque j’arrive à son niveau il relève la tête et me regarde:

«Vous êtes perdu? Vous cherchez quelque-chose?»
Je lui explique que je suis à la recherche du mal qui rôde ici. Je lui demande s’il sait ce que c’est, et depuis combien de temps il est là.
«Le mal qui rôde? Il est parti, attendez un moment vous verrez.»

L’homme s’en va et je reste là. Le soleil commence à se lever. Je marche un peu et je me retrouve près d’un énorme bateau, posé là, au milieu d’une place. Je suis interloqué. Le bateau semble avoir été aménagé. Une boutique est ouverte, une autre allume son enseigne. Petit à petit, toute la rue se réveille. Des gens sortent des immeubles, la rue se remplit. Au bout d’un moment lorsque le jour s’est totalement levé, la ville paraît renaître.

Je m’assois à un café qui vient d’ouvrir et je regarde les gens passer dans la rue, si différente pour moi maintenant.

Le soir, en redescendant au port, je retrouve le marin qui m’avait parlé de cette ville fantôme et du mal qui y rôdait :
«Alors ? Ça y est toujours ?»
«Allez y faire un tour. Il est parti. Attendez un moment et vous verrez.»