Le dire et le fer

Il était une fois trois petits bouts de métal, qui s’appelaient Acier, Aluminium et Zinc. Ils vivaient à Saint-Nazaire, ville portuaire où se construisaient les plus beaux paquebots du monde. C’était le royaume de la métallurgie. Tous les trois allaient bientôt connaître un destin fantastique.  

Acier était dur et résistant. C’est le train qui l’avait acheminé de l’Espagne jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Un grand portique muni d’électro-aimants se chargea ensuite de l’amener jusqu’à l’atelier de préfabrication. Ici, il a été assemblé à d’autres pièces pour faire partie du plus beau paquebot au monde. Acier vogue désormais dans les plus belles contrées.  

Aluminium était léger et malléable. Il était bien caché dans son cabanon, tout au fond d’un jardin, dans un cœur d’îlot. Un jour un bricoleur entendit parler de lui. Il s’appelait Charles Coffec et il était magicien : Il récupérait ce que les gens ne voulaient plus pour les transformer en destriers roulants. Avec Aluminium, il fabriqua un vélo. Il le donna par la suite à un lycéen qui en avait bien besoin. Et depuis, Aluminium arpente quotidiennement les rues, places et recoins de Saint-Nazaire.  

Zinc était lourd et terne. Puisqu’il n’était ni brillant ni précieux, personne ne lui prêtait attention. Alors il restait dans son coin à l’atelier, abandonné, seul et oublié. Pourtant, il n’était pas dénué d’espoir : un jour, c’est sûr, quelqu’un viendrait le recycler ! Il s’imagine sur le toit d’une véranda, protégeant vaillamment des intempéries la famille qu’il abrite. Ou encore transformé en œuvre unique, avec l’aide d’un artiste excentrique. Et pourquoi pas intégré à un projet expérimental, mené par les étudiants de la future École des Chantiers de l’Atlantique ? Un jour, c’est certain, quelqu’un découvrira son potentiel…