Nouvelles spiritualités en ville

Les chantiers navals de Saint-Nazaire emploient chaque année des travailleurs venant d’Europe (Portugal, Italie, Roumanie, Croatie, Serbie, Pologne, Bulgarie, Lituanie…), d’Afrique Subsaharienne (Togo, Maroc), mais également d’Asie (Inde). Au centre-ville, ils vivent principalement en colocation et souvent dans des conditions précaires.
Leur mode de vie s’articule autour de la communauté : la barrière de la langue et le manque de repères dans la ville ne leur permet pas, dans un premier temps, d’être totalement autonomes. Les courses et les loisirs (tourisme en week-end, sorties dans les restaurants et cafés plus quotidiennement) sont organisés en groupe et rares sont les occasions de lier connaissance avec les résidents permanents.
Pourtant la curiosité et l’envie de se rencontrer existe, tant du côté des travailleurs détachés que de celui des résidents permanents. Nous avons rencontré Ivaylo et Daniel, employés en tant que soudeurs pour les paquebots des chantiers. Ils aimeraient élargir leur communauté, rencontrer de nouvelles personnes, et notamment des francophones. Nous avons également parlé avec Hugues, ancien cariste des chantiers navals, habitant de la rue Fidèle Simon et féru de langues étrangères.
Hugues a été le premier à nous parler de spiritualité, d’une manière plutôt anodine et discrète, si bien que cette parole furtive aurait pu passer inaperçue. Les travailleurs détachés sont orthodoxes, musulmans, bouddhistes, protestants, catholiques, ou encore hindouistes. Cette diversité est une richesse, d’autant plus qu’émerge à Saint-Nazaire un intérêt grandissant pour de nouvelles pratiques spirituelles. L’exposition au LIFE a conforté nos intuitions : les habitants qui sont venus à notre rencontre ont exprimé un vif enthousiasme pour ce sujet. Ils nous ont parlé du Dolmen des Trois Pierres, monument mégalithique érigé au néolithique et qui est devenu au XIXème siècle un lieu de procession à Noël. Ils nous ont parlé de méditation, de bien-être, d’équilibre et d’introspection. De rencontres, de partage, de curiosité et d’ouverture à l’autre, de respect et de discussion. Nous avons ainsi entendu mille et une définitions, à la fois différentes et complémentaires les unes des autres : la “Spiritualité” est une notion universellement évocatrice, mais également très personnelle. La définir est un projet en soi, et c’est là tout le coeur de ce projet de fin d’études : faire des différences une opportunité pour rassembler les personnes.