VIVRE A SIDI HASSINE, UNE JEUNESSE DELAISSEE

Samia a toujours voulu être peintre. C’était un rêve formulé dans une bouche de petite fille, qui semblait évanoui à jamais. Mais voilà maintenant neuf ans que Samia porte le niqab. Impossible donc de vivre normalement, de travailler ou de se rendre à l’hôpital. Hier, une amie lui a parlé d’un collectif de citoyens qui souhaite rendre la ville un peu plus belle. Elle décide de prendre sa revanche et de participer à écrire la ville, elle aussi. À côté d’Abdessatar, membre d’un collectif de graffeurs, elle invente une nouvelle histoire sur le mur de l’école du quartier du 20 mars. Sous la main Abdessatar se dessine un crayon et une glace. Sous celle de Samia, un homme qui se transforme en oiseau… 

Chokri à 17 ans, il aime le rap. Depuis maintenant trois ans lui et ces amis rappent au sein de leur collectif. Leur collectif nommé Flann est pour eux un réel échappatoire face à l’ennui et l’avenir sans perspective que leur offre la ville de Sidi Hassine totalement marginalisée du grand Tunis. Mais pour ces jeunes il est difficile de trouver un lieu où s’exprimer. La maison de la culture de Sidi Hassine leur ferme ces portes renforçant ainsi ce sentiment d’exclusion.

C’est un sac plastique qui jonche le sol de la Kherba. El Kherba, c’est l’ancien local associatif commandé par Leila Ben Ali. Après la révolution, la Kherba a été incendiée. Depuis, c’est le repère des jeunes en dérive, entre le collège et la bibliothèque. Après avoir mené la vie classique d’un sac de sa nature, un collégien, Yasine, a récupéré notre sac plastique. Il l’a amené au squat, l’a rempli de colle et l’a sniffé. Quelques minutes de répit et d’oubli, loin des tourments et des questionnements sur l’avenir. Comme d’autres de ses camarades, Yassine pense abandonner l’école.