La zone commerciale de Trignac : faire projet avec cet existant?

Au premier regard, la zone commerciale de Trignac et ses environs sont loin d’être idylliques. Ils cumulent plusieurs « défauts » : un urbanisme médiocre avec des répercussions sur le quotidien des habitants, la forte présence de l’échangeur et ses nuisances, leur condition de « périphérie », un grand paysage de qualité mais sacrifié aux voies rapides, lotissements et zones d’activités…

Toutefois, la démarche de projet implique de poser un regard juste sur cet existant malheureux. Il ne faut donc pas négliger les problèmes manifestes du site tout comme il faut prendre en compte et relever les éléments existants à valoriser qui peuvent être des moteurs pour le projet.  

Pour synthétiser, cette analyse peut prendre la forme de deux séries d’éléments : la première récapitule les caractéristiques des zones commerciales qui sont aujourd’hui décriées et la deuxième met en avant les atouts de la zone commerciale de Trignac pour faire projet.

Ainsi, comme la majorité des autres zones commerciales de France, celle de Trignac présente un certain nombre d’attributs qui, s’ils étaient la norme lors de sa conception, vont à l’encontre des façons de fabriquer la ville aujourd’hui.

Surconsommation de l’espace, souvent des terres agricoles ou naturelles

Architecture médiocre (hangars bariolés, enseignes surdimensionnées, motels…) qui constitue un paysage d’entrée de ville peu qualifiant.

Accès et desserte prédestinés pour des usagers véhiculés.

Qualité urbaine très pauvre car la zone fonctionne comme un îlot commercial autonome : pas de relation avec le paysage ou les quartiers voisins.

Parkings immenses, zones imperméables et la plupart du temps inutilisés.

Mono-fonctionnalisme : le manque de mixité programmatique bloque l’intégration de nouvelles fonctions dans cet immense zone de 30ha, ce qui l’empêche d’évoluer vers des formes urbaines plus mixtes.

En plus de ces caractéristiques de nature urbaine, ces zones commerciales sont les symboles de la consommation de masse, une stratégie commerciale en voie d’expiration.

Les zones commerciales sont donc des types architecturaux et urbains qui au regard des objectifs de l’urbanisme actuels, sont obsolètes. Alors que nous cherchons, entres autres, à densifier les villes, préserver les espaces naturels et favoriser la mixité, les zones commerciales ont été conçues selon un autre système de valeurs. La situation actuelle appelle donc une transformation de ces espaces.

Essayons alors d’être utopistes : cet existant, qui est clairement problématique, peut-il se transformer jusqu’à devenir un véritable lieu de vie dense et urbain ?

En observant la zone commerciale de Trignac, plusieurs leviers utiles à sa requalification apparaissent. De plus, le projet de territoire mené par l’ensemble du studio de projet permet d’inscrire la transformation de la zone commerciale dans une dynamique plus large, ce qui renforce les atouts de la zone.

Sur les 30ha de la zone, seuls 23% sont bâtis, le reste étant occupé par des parkings. Elle dispose donc d’une réserve foncière exceptionnelle. La réorganisation des stationnements, en lien avec le projet Porte-Porte, permet de libérer ces parkings pour en faire des sites à projets.

Grâce aux 124 enseignes installées, il y a déjà une dynamique économique et une zone de chalandise établie, avantage considérable pour implanter de futurs programmes.

Ce lieu est indéniablement socialement attractif, bien qu’il s’agisse d’une fréquentation irrégulière selon les jours et heures de la semaine. Faute de mieux, la zone commerciale est le commerce de proximité de Certé et elle attire également grâce aux grandes distributions spécialisées.

Sa localisation est stratégique pour deux raisons : en entrée de ville, ce qui lui donne de la visibilité et à proximité de zone résidentielles et donc de consommateurs et habitants déjà établie.

Ainsi, en dépit de leur obsolescence tant urbaine que commerciale, les zones commerciales semblent pouvoir se transformer : elles disposent d’une réserve de foncier, d’un dynamisme économique et d’une localisation stratégique. Il n’est donc pas nécessaire de faire une tabula rasa pour qu’elles évoluent.

Ce qui empêche les zones commerciales d’évoluer, c’est surtout le problème d’échelle de la zone, la place faite à la voiture, son manque d’espace publics à taille humaine, son mono-fonctionnalisme qui bloque l’installation d’autres programmes que commerciaux.

Pour en finir avec cette situation d’entrave dans laquelle elle se trouve, il faut injecter des programmes de haute urbanité qui puisse remédier à ces déficits et engager un processus de transformation de la zone en un véritable quartier.