Ville rebelle?

Ville rebelle, de lutte et revendications, Saint-Nazaire a souvent su se lever et dire non. Les grèves de 1955 témoignent de la tradition de combativité des ouvriers nazairiens, engagés dans une action revendicative. Leurs demandes sont claires : hausse des salaires, meilleures conditions de travail. Mais le patronat refuse de négocier et fait appel aux CRS. La lutte engagée depuis avril s’est poursuivie jusqu’en août. Avec en point d’orgue des combats sanglants et violents. Finalement le patronat concède une majoration générale des salaires, primes et indemnités comprises, de 22 %. Cette lutte fit effet boule de neige et se propagea aux chantiers navals de Nantes, puis à l’ensemble du territoire avec le secteur de la métallurgie.

Cette tradition syndicale de revendications sociales a souvent cantonné St-Nazaire a l’image d’une ville rouge, ‘communiste’. La réalité est bien plus complexe. Saint-Nazaire se différencie grandement par son passé et son actualité des autres villes.

Parmi les cent plus grandes villes de France, Saint-Nazaire est la moins inégalitaire selon une étude de l’observatoire des inégalités.

Le rapport entre les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches y est le plus resserré du pays. L’égalité n’est pas qu’une condition de revenus, c’est surtout une conception et une pratique.

Lorsque à partir des années 2000 la direction des chantiers navals a fait massivement appel à des salariés étrangers, sous-payés, les principaux syndicats ouvriers ont beaucoup débattu sur la marche à suivre. Critiquer ces travailleurs venus de l’Est, remettre en cause leur présence ? Non un credo simple est décrété : plus de solidarité avec la création d’un statut unique pour tous les ouvriers qu’ils soient français, bulgares, ukrainiens, lituaniens ou portugais. La solidarité, l’union et l’internationalisme sont des préceptes fondateurs du syndicalisme. La conscience collective des nazairiens est marquée par ces idées développées sur les chantiers de l’atlantique.

Cette mentalité, couplée à l’attachement viscéral de ses habitants à leur cité, fait de Saint-Nazaire une ville singulière. Mais ce sont surtout les nazairiens qui font de St-Nazaire une ville aux milles facettes, aux milles couleurs.