Dérive noctambule

Centre ville de Saint-Nazaire la nuit, je rôde sans but précis à la recherche d’un lieu animé, d’un peu de lumière et de chaleur. Drôle d’idée, la ville a plutôt la réputation d’être une éternelle endormie, avec une vie nocturne limitée. Comme beaucoup de villes moyennes françaises, le centre-ville de Saint-Naz est sinistré. Pas un chat dans les rues, rideaux baissés, commerces en berne, le tableau est plutôt déprimant. Pour couronner le tout, la pluie me glace le visage. Le silence est pesant je me concentre sur chaque son, chaque murmure de la rue. Le clapotis de l’eau dans les flaques rythme mes pas. Ah ! un peu de bruit et de lumière ! Fausse joie, ce n’est que le grésillement, le bourdonnement du néon de l’enseigne. J’ai l’impression d’être au milieu d’un mauvais roman noir.

Je profite au moins des lumières des chantiers de l’Atlantique, quel spectacle. Le contraste est saisissant. Les véhicules dansent autour du paquebot Grandiosa monstre d’acier et de fer. Je perçois le son des disqueuses, meuleuses, postes à souder. Il est là le coeur, le poumon de Saint-Nazaire, tel un éternel insomniaque le chantier ne dort jamais.

Je décide de poursuivre ma quête d’animation en m’éloignant un peu du centre-ville. Les façades grisâtres se succèdent, les larges rues sont désespérément vides, les commerces clos.

Tiens, un petit attroupement se tient sous le porche d’une des innombrables arrière-cours de Saint-Naz. Ces charmants jeunes hommes encapuchés ont bien l’air de vendre quelque chose. Qui a dit qu’il n’y avait pas d’activités commerciales après 20h ? Me voilà rassurée, je peux acheter diverses plantes aromatiques qui m’aideront sûrement à trouver sommeil.

Direction la gare, et là encore, surprise ! Je trouve quelques silhouettes au coin de la rue. L’activité commerciale est décidément florissante à Saint-Nazaire, même s’il s’agit ici de jeunes femmes qui proposent leur service pour te cajoler.

Saint-Nazaire n’est donc pas une ville morte après 22h mais plutôt une ville cachée où tout se passe dans la pénombre d’une arrière-cour, les couloirs d’immeubles et les coins de rue.