Une architecture de mur en pierre à une architecture de peau en acier
Le travail architectural repose à la fois sur une réhabilitation et une extension,
où l’ensemble doit tout de même se lire avec une cohérence globale. Je tiens tout d’abord à tenir une posture : créer une architecture d’une époque, celle d’aujourd’hui, que je veux transmettre aux générations futures, tout en restant «en intelligence avec le lieu» comme a pu le dire Michel Corajoud. C’est à la fois en protégeant le corps de ferme existant et en innovant dans l’architecture
contemporaine que je veux refaire vivre ce lieu. Le nouveau type d’architecture, que je souhaite en parfaite harmonie mais aussi en contraste avec l’existant, cherchera donc à illustrer les potentialités de ce site. Les valeurs sensibles du lieu doivent se
révéler à travers son paysage, mais aussi à travers son architecture et notamment sa matérialité. Ici, ce sont différents patrimoines qu’il faut faire parler ensemble, entre ancien et contemporain. Les matériaux composant le corps de ferme existant sont la pierre calcaire formant des murs épais, avec pour couverture des tuiles plates, donnant cette ambiance chaleureuse de couleur sable et brique. L’extension se doit pour moi de rester dans ces tonalités chaleureuses mais avec des matériaux contemporains ou de récupération. En effet, la pierre se salit, s’oxyde au cours du
temps, je recherche alors un matériau durable et «vivant» dans l’extension : l’acier patinable. «Cet acier a un aspect presque velouté. Il est comme le bon vin et se bonifie avec le temps. Il lui faut de l’eau, de l’air, du soleil. Sa couleur rouille évolue, elle est changeante.» Bernard Kratz – Acier auto-patinable Le vocabulaire architectural développé ici cherche aussi à répondre à des défis contemporains, notamment en terme de durabilité. L’acier, qui conserve ses propriétés pendant des décennies et presque sans aucun entretien, est aussi la marque d’une modernité.