Meulan-les-Mureaux: territoire expérimental de l’hydroécologie

Le champ captant de Flins-Aubergenville : un terrain caractéristique des interactions entre eau et agriculture

Les communes de Meulan et des Mureaux profitent de la proximité d’équipements liés à l’eau dans un périmètre réduit. On voit ainsi s’organiser, à l’ouest des deux communes, un territoire regroupant des sources d’eau superficielles, des stations de pompage, une station d’épuration des eaux usées de dimension métropolitaine, une usine de traitement des eaux potables et des châteaux d’eau. Dès lors, on retrouve à travers ce périmètre, toutes les installations techniques nécessaires au fonctionnement du circuit de l’eau, depuis la source jusqu’au robinet. Le paysage de Meulan-les-Mureaux se construit donc autour d’une eau «visible», à la surface : la Seine, mais aussi autour d’une grande richesse, la ressource en eau souterraine. Les stations de pompage présentes sur ce territoire permettent l’exploitation du vaste champ captant de Flins-Aubergenville.

circuit de l'eau

Un territoire ressource: Proximité des équipements permettant le circuit de l’eau domestique

Depuis les années soixante, ce champ captant assure l’alimentation en eau potable d’une partie significative de l’Ile de France, à partir des eaux de la nappe souterraine de la craie (roche sédimentaire poreuse), captées au droit de la plaine alluviale de la Seine. D’une capacité de production de 150 000 m3/j, ce champ captant peut alimenter en eau potable 700 000 habitants, rendant de fait cette ressource stratégique pour l’alimentation en eau de tout l’Ouest parisien.

situation champ captant

Localisation du champ captant de Flins-Aubergenville

Eau et agriculture: une interaction d’usages

schéma usage de l'eau

Principaux prélévements d’eau en Seine Aval en fonction des usages pour l’année 2007

Du fait de sa situation entre le PNR du Vexin et la Seine, le champ captant de Flins-Aubergenville est situé à l’articulation entre agriculture et eau. Cette situation géographique particulière détermine également l’usage de l’eau captée. En effet, 30% de l’eau prélevée à Flins-Aubergenville est vouée à une utilisation agricole pour l’irrigation des cultures locales, alors que l’usage de l’eau pompée par les autres champs captant d’Ile de France reste uniquement destiné à l’eau potable ou l’eau industrielle 12.

Le PNR du Vexin est le principal territoire agricole en interaction directe avec ce champ captant. Le parc du Vexin reste un territoire fortement rural dont le paysage est majoritairement marqué par de grandes exploitations céréalières spécialisées. Cette dominance agricole intensive n’est pas inhérente au territoire du Vexin, mais domine très largement l’agriculture du bassin normand de la Seine, du Havre à Paris, où plus de la moitié des exploitations agricoles sont spécialisées dans la production de céréales et oléo protéagineux 13.

 

L’agriculture intensive et son impact sur la qualité de l’eau de la Seine

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Le graphique ci-dessous présente des taux élevés de nitrates, supérieurs à la limite légale de 50mg/l. L’eau prélevée à Flins nécessite donc un traitement épuratoire important avant de pouvoir être utilisée. [Les données utilisées sont issues de l’étude Protection des captages par l’amélioration des pratiques agricoles (AESN, 2011)]

Cette intensification des cultures françaises, bien qu’elle ait permis d’améliorer les rendements de production, a aussi eu pour conséquence l’augmentation des impacts néfastes de l’agriculture sur l’environnement, du fait d’une utilisation importante d’engrais et de pesticides. L’un des facteurs de pollution les plus alarmants reste la dégradation de la qualité de l’eau due à l’agriculture.

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Intensifier l’initiative locale: une reconversion vers l’agriculture biologique

Plusieurs types d’agriculture permettent de réduire l’utilisation d’engrais et donc les pollutions des nappes phréatiques. Dans une optique de qualité de l’eau, l’agriculture biologique semble la réponse la mieux adaptée, dans la mesure où elle ne recourt à aucun produit de synthèse susceptible de migrer vers les nappes souterraines. Aux Mureaux, suite à l’initiative de développement d’une exploitation d’agriculture biologique par trois agriculteurs de la Ferme de la Haye, la ville a souhaité encourager cette expérimentation, en construisant une Maison de la Terre, comme espace fédérateur entre l’agriculture biologique et les habitants de la ville.

Cet équipement s’implante à côté de la Ferme de la Haye et propose une parcelle cultivable où l’on expérimente l’insertion professionnelle de personnes en difficulté par le maraîchage biologique. Cette Maison de la Terre se situe sur le territoire du champ captant de Flins-Aubergenville, en bord de Seine, à côté de l’imposante station d’épuration des Mureaux.

vue aérienne

1. La Ferme de la Haye: Face aux enjeux de la préservation de la qualité des eaux, cette ferme à été rachetée par l’Agence des Espaces Verts, grâce au soutien financier de la région et de l’agence de l’eau Seine Normandie, afin d’y installer des agriculteurs biologiques (parcelles céréalières et maraîchères) 2. La Maison de la Terre: Le projet comprend un local d’activités pluridisciplinaire regroupant les outils de production et de stockage, des espaces pédagogiques et de formation, le tout organisé autour d’une vaste parcelle maraichère, dégagée pour favoriser l’insertion professionnelle de personnes en difficulté

 

Meulan-les-Mureaux : territoire de préservation durable de la ressource en eau

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L’Ile Labo : vers une renaturation technique et paysagère des îlots historiques

L’anthropisation des îles de la Seine entre Meulan et les Mureaux

L’anthropisation des îles de la Seine entre Meulan et les Mureaux

Entre les plateaux agricoles des deux rives de Seine, entre les sources superficielles et le champ captant, entre Meulan et les Mureaux, s’étend la plus grande île du territoire de Seine Aval 17. D’une superficie de 93.7 Hectares, cette île, historiquement découpée en plusieurs entités, existe aujourd’hui du fait des comblements réalisés entre l’île de Juziers, l’île de Mézy et l’île Belle. Cette anthropisation progressive du territoire fluvial a abouti à la création d’une île unique longue de plus de 4 km. La partie avale de cette île (anciennement île de Juziers), fait face au village de Juziers et au site de l’usine Renault de Flins. La partie centrale de l’île (anciennement île de Mézy), fait face au village de Mézy-sur-Seine et au champ captant de Flins-Aubergenville.

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Une utopie réelle : la dépollution de la Seine

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Encore à l’écart des dispositifs urbains majeurs, cette île constitue une réserve naturelle intéressante du fait d’une alternance espace bâti/espace agricole, préservée. En lien direct avec les deux rives de la Seine, l’exploration de ce territoire permet de découvrir toutes les diversités paysagères de la vallée et des points de vue remarquables sur les coteaux alentours. Cette île, par sa position centrale d’entre-deux rives, côtoie espaces bâtis et espaces naturels ; habitat, agriculture et industrie. Lire la suite

Un processus évolutif en trois étapes

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Un bassin expérimental constitué de ces sept unités épuratoires s’implante alors sur l’Ile Belle afin d’expérimenter cette nouvelle technique d’épuration dans un milieu contenu. A moyen terme, l’idée est d’adapter ce système au milieu naturel, afin de penser la dépollution d’un petit bras de Seine : le bras de Meulan. L’idée serait dès lors de renaturer une première partie du bras afin de limiter le flux d’eau arrivant. Dans une deuxième partie du bras, l’eau serait filtrée par des plantes dépolluantes en fonction des expérimentations réalisées sur l’Ile Belle. Enfin, la troisième partie du bras serait transformée en piscine naturelle en relation directe avec l’aménagement des berges de Meulan, on pourrait dès lors littéralement se baigner dans la Seine dépolluée. L’hypothèse prend aussi le parti de défendre cette initiative comme projet pilote pouvant se répéter tout le long du fleuve afin d’espérer, à long terme, dépolluer l’ensemble de la Seine.

 

La Maison de l’eau: un complexe métropolitain hybride et écologique

Le bassin filtrant, le centre de recherches et le musée de la biodiversité

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Le silo agricole de Meulan

 

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La halle industrielle des Mureaux

Le projet architectural développé concerne l’aménagement de l’équipement métropolitain lié à la ressource en eau sur l’Ile Belle, devenue l’Ile Labo. Ce centre de recherche - musée de la biodiversité, appelé Maison de l’eau, constitue la première étape de développement de l’utopie réelle liée à la dépollution de la Seine.

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Le bassin filtrant métropolitain : un nouvel espace public au fil del’eau

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Nuova immagineLe bassin filtrant, élément majeur du projet architectural et paysager, permet de capter l’eau de la Seine et de la filtrer de manière écologique. Cette eau, une fois dépolluée, peut être rejetée dans la Seine afin de favoriser le développement de la biodiversité dans le fleuve, ou encore être utilisée pour irriguer les cultures agricoles, ou pour un usage domestique voire industriel.

Le dispositif nécessite donc la mise en place d’un lieu de stockage de l’eau à proximité du bassin filtrant, avant que cette dernière ne soit distribuée en fonction des besoins. Le parti pris architectural développé, propose ainsi d’intégrer un château d’eau au complexe lié à la ressource en eau. Alors que le bassin se développe comme une construction linéaire au sol, le château d’eau devient un élément longiligne vertical, symbole et repère spatial de l’ensemble du dispositif développé.

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L’idée est donc de considérer ce château d’eau comme le point phare du projet et de le penser comme un belvédère public, un balcon ouvert à la fois sur la Seine, au Nord et sur toutes les expérimentations de l’Ile Labo, au Sud. Le château d’eau-belvédère vient donc s’implanter en amont du bassin filtrant, sur la berge Nord de l’Ile. Ce signal vertical, situé en face du silo agricole, vient s’intégrer au tissu urbain de Meulan-Hardricourt. Le projet s’implante ainsi dans un espace stratégique en bord de Seine. Situé à 600m de la gare d’Hardricourt et du centre historique de Meulan, le projet s’intègre à la dynamique d’aménagement des berges de Seine en lien avec la ville centre. Cet aménagement pédestre des berges s’étend jusqu’au silo agricole, élément majeur de la nouvelle promenade aménagée.

Il est alors possible pour les promeneurs de visiter le silo et de comprendre les interactions directes entre les productions agricoles du Vexin et le transport fluvial de la Seine. Afin de prolonger cette nouvelle promenade sur l’Ile Labo, le projet prend en compte la création d’un nouveau franchissement piétons entre le silo et la Maison de l’eau. Ce pont se développe autour d’un quai existant permettant aux péniches de prélever les céréales stockées dans le silo grâce à une vis d’archimède. La passerelle s’élève donc à 8m au-dessus de l’eau afin de pouvoir permettre aux bateaux, péniches, kayaks et avirons de continuer leurs activités nautiques.

Sur l’Ile Labo, le franchissement se prolonge par une promenade au milieu des bassins filtrants. Ce dispositif expérimental devient dès lors un espace public paysager majeur, relié au cœur de Meulan-les-Mureaux et permettant le désenclavement de l’Ile Belle.

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Un complexe hybride entre héritage industriel et innovation paysagère

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Le château d’eau-belvédère, comme repère dans le paysage, accueille également l’entrée du centre de recherches et du musée de la biodiversité. En termes de programmation architecturale, l’idée est d’hybrider les fonctions liées à la ressource en eau, afin de proposer un complexe qui met en relation des acteurs aux compétences et intérêts divers. Le public du musée côtoie ainsi les experts de la question de l’eau dans un univers entre héritage industriel et innovation paysagère. En plan, les salles d’exposition du musée de la biodiversité s’articulent ainsi autour des laboratoires et des bureaux des chercheurs. Les salles d’expositions constituent de vastes espaces flexibles ouverts sur le paysage de la Seine et sur le bassin filtrant. Ces lieux sont également des espaces de travail pour les chercheurs qui peuvent les utiliser comme serres pour la pousse de nouvelles plantes dépolluantes. Seuls les laboratoires, les salles de workshop et les bureaux des chercheurs sont réellement définis spatialement comme des espaces plus cloisonnés du fait de leur usage.

 
Afin de proposer des points de vue sur la Seine et sur les bassins filtrants, le complexe se déploie en deux volumes linéaires, orientés différemment en fonction des vues et liés spatialement par le château d’eau-belvédère. L’architecture créée se développe ainsi dans le prolongement du bassin filtrant, elle reprend la linéarité de cet élément paysager en la déployant dans les trois dimensions. La forme du complexe, très simple, joue sur une reprise du vocabulaire de l’architecture industrielle, hybridée au minimalisme des pavillons modernistes construits autour de bassins ou de plans d’eau. En termes structurels, l’ensemble reprend une structure métallique poteaux-poutres dérivée des grandes halles industrielles et des serres. Cette structure permet également de proposer des espaces généreux et flexibles. Les matériaux utilisés sont également dérivés de l’architecture industrielle (béton brut, polycarbonate, acier) et viennent jouer avec le reflet de l’eau et la lumière. Afin de proposer des points de vue sur la Seine et sur les bassins filtrants, le complexe se déploie en deux volumes linéaires, orientés différemment en fonction des vues et liés spatialement par le château d’eau-belvédère.  
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Schéma conceptuel d’organisation architecturale: plan du RDC

L’architecture créée se développe ainsi dans le prolongement du bassin filtrant, elle reprend la linéarité de cet élément paysager en la déployant dans les trois dimensions. La forme du complexe, très simple, joue sur une reprise du vocabulaire de l’architecture industrielle, hybridée au minimalisme des pavillons modernistes construits autour de bassins ou de plans d’eau. En termes structurels, l’ensemble reprend une structure métallique poteaux-poutres dérivée des grandes halles industrielles et des serres. Cette structure permet également de proposer des espaces généreux et flexibles. Les matériaux utilisés sont également dérivés de l’architecture industrielle (béton brut, polycarbonate, acier) et viennent jouer avec le reflet de l’eau et la lumière. En coupe, les programmes s’hybrident selon une graduation du plus public au plus privé. Au rez-de-chaussée, les laboratoires de recherches et salles de workshop côtoient les vastes espaces d’expositions ouverts au public et la bibliothèque. Au R+1, une mezzanine accueille les bureaux des chercheurs qui se superposent aux laboratoires du niveau inférieur alors que les salles d’exposition profitent d’une double hauteur significative. Enfin, comme posés sur le toit de l’édifice, en porte-à-faux sur la Seine et sur les bassins, vingt logements de fonction destinés aux chercheurs viennent souligner la linéarité de l’architecture. Ces logements, organisés en duplex, sont traversant afin de capter la vue sur la Seine et sur les bassins.

Interaction des usages du plus public au plus privé

Interaction des usages du plus public au plus privé

 

L’utopie comme laboratoire technique, social et sensible de la réconciliation entre la ville et le fleuve

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La Maison de l’eau s’organise donc comme un complexe hybride dialoguant étroitement avec le fleuve. L’architecture proposée met en scène l’eau comme ressource essentielle et comme potentiel de développement alternatif pour toute la vallée de Seine. A travers l’hybridation des usages, la rencontre des acteurs (spécialistes ou simple promeneurs), l’innovation technique écologique et la richesse paysagère, le projet propose une réponse à la question de la préservation de la ressource en eau. Dans une dimension urbaine plus large, la situation géographique particulière de l’Ile Labo, comme territoire au croisement entre la ville, le fleuve et la campagne, questionne également les interactions entre eau et agriculture, entre Seine et Vexin. L’utopie réelle développée ici propose donc de questionner l’opposition ville-campagne à travers la reconquête de la « fluvialité » du territoire. Dès lors, Meulan-les-Mureaux, du fait de sa situation particulière « d’entre-deux », devient le territoire pilote de cette réconciliation entre la ville et le fleuve. Le projet, construit comme un processus évolutif dans le temps, permet donc, à court terme, d’initier des projets locaux expérimentaux à Meulan-les-Mureaux, avant de penser, à long terme, la renaturation de toute la vallée de Seine comme utopie réelle permettant la dépollution du fleuve.

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