Une utopie réelle : la dépollution de la Seine

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Encore à l’écart des dispositifs urbains majeurs, cette île constitue une réserve naturelle intéressante du fait d’une alternance espace bâti/espace agricole, préservée. En lien direct avec les deux rives de la Seine, l’exploration de ce territoire permet de découvrir toutes les diversités paysagères de la vallée et des points de vue remarquables sur les coteaux alentours. Cette île, par sa position centrale d’entre-deux rives, côtoie espaces bâtis et espaces naturels ; habitat, agriculture et industrie.

L’hypothèse prise en compte ici serait alors de désenclaver cette alcôve de la Seine, en la considérant comme nouveau lieu d’intensité majeur entre Meulan et les Mureaux. L’idée serait donc d’implanter le laboratoire d’expérimentations de la ressource en eau sur cette île, tout en ouvrant ce territoire au public. Pour ce faire, toute la longueur de l’île sera repensée afin d’expérimenter, en plusieurs lieux, différentes techniques durables de traitement des eaux.

Toutes les berges de l’île seront également ouvertes au public afin de former un parcours piéton et vélo en bord de Seine. Les espaces agricoles seront préservés mais réquisitionnés comme champs expérimentaux du laboratoire, (notamment pour l’implantation de pépinières de plantes dépolluantes utilisées pour la phytoépuration des eaux). Eau et agriculture seront donc au cœur des expérimentations de cette île-laboratoire renaturée et remise en Seine.

L’île laboratoire, comme alcôve expérimentale, permet de tester sur terre, différentes techniques écologiques liées à l’eau. Une utopie réelle motive alors toutes les recherches mises en œuvre : la dépollution du fleuve. Alors qu’il y a encore cent ans il était possible de se baigner à Meulan dans l’eau de la Seine, aujourd’hui, du fait de la qualité «médiocre» du fleuve, la baignade dans la Seine semble un rêve irréalisable. C’est pourtant cette idée, pas-si-folle-que-ça, que l’on porte ici comme vecteur majeur de réconciliation entre la ville et le fleuve.

 

En 2012, le Colloque de l’association La Seine en partage, brandissait déjà la même utopie réelle, en intitulant l’édition 2012 « Demain se baigner dans la Seine ». Aujourd’hui, la Seine semble reconnue comme étant le réservoir le plus précieux de tout l’écosystème développé depuis sa source, en Côte d’or, jusqu’au Havre, en passant par le bassin parisien. La protection et la mise en valeur de cet écosystème apparaîssent donc comme étant essentielles au développement et à l’attractivité de toutes ces régions. Elus et habitants semblent donc conscients du fabuleux trésor que constitue le fleuve comme continuité paysagère, espace de loisirs et de détente, mais également comme couloir économique majeur. Alors comment mettre en place cette utopie réelle pour penser la fluvialité du territoire ?

Deux paramètres sont à prendre en compte afin de pouvoir, à long terme, se baigner dans la Seine : retrouver une qualité de l’eau parfaitement satisfaisante (eau de type baignade) et aménager les berges comme espaces de loisirs majeurs en lien avec les centres des villes fluviales (opportunité développée par le projet urbain Habiter les berges de Seine Aval). Concernant la dépollution de l’eau, plusieurs systèmes écologiques sont en train d’être expérimentés en Europe à l’heure actuelle. Les recherches mises en place au laboratoire de l’Ile Belle expérimenteraient la dépollution de l’eau du fleuve grâce à des bassins filtrants. Ces aménagements paysagers reprennent le principe épurateur des marais naturels canalisés dans des bassins artificiels.

L’idée est donc de prélever l’eau de la Seine grâce à une vis d’Archimède 20 et d’épurer l’eau prélevée grâce à la mise en place de sept types de bassins filtrants. Les végétaux qui constituent les bassins paysagers sont sélectionnés en fonction de leur capacité épuratoire et de l’évolution de la qualité de l’eau au fur et à mesure de son traitement. Ainsi, les premiers bassins sont constitués de quenouilles et de roseaux communs pour abattre les charges organiques de l’eau. Les seconds mobilisent prêles, iris jaunes et bleus pour détruire les germes. Enfin, les derniers bassins laissent la place aux plantes oxygénantes : nymphéas, faux lotus et glycérie aquatique. Aussi, alors qu’en entrée, l’eau de la Seine est chargée en composants organiques, en azote et en phosphore, elle atteint une qualité « eau de baignade » en sortie.